L’amiante ne se limite pas aux matériaux de construction


L’amiante ne se limite pas aux matériaux de construction. Il est aussi présent dans les sols, les roches, les routes. Depuis le décret du 9 mai 2017, le repérage de l’amiante avant travaux s’est étendu à d’autres secteurs que celui du bâtiment : un défi technique et humain majeur pour les opérateurs de terrain.

L’amiante et les PMAi

L’amiante est un minéral fibreux provenant de roches naturelles pouvant être présentes en France. Il a été employé jusqu’en 1997 dans des procédés industriels pour rendre les matériaux ou produits plus résistants. Ces minéraux sont nommés communément « Amiante Délibérément Ajouté ».

A ce jour, la règlementation française, notamment l’arrêté du 1er octobre 2019(1) et la directive européenne 2023/2668 du 22 novembre 2023 ont défini 6 fibres d’amiante :

  • Chrysotile
  • Riébeckite-amiante (anciennement appelé Crocidolite)
  • Grunérite-amiante (anciennement appelé Amosite)
  • Anthophyllite-amiante
  • Actinolite-amiante
  • Trémolite-amiante

Pour autant, Il est à noter que d’autres fibres suspectées de présenter les mêmes dangers que l’amiante sont étudiées à ce jour par les toxicologues et les épidémiologues du monde entier. En particulier du fait de leur implication potentielle dans l’apparition de certaines pathologies. Ces fibres plus communément appelées PMAi (Particules Minérales Allongées d’intérêt) sont suivies de près par l’ANSES qui a publié deux rapports en 2015 et 2017 (2) et par le Haut Conseil de la Santé Publique en 2014 et 2024(3). Certaines PMAi ont ainsi été intégrées dans la nouvelle version de la fiche toxicologique n°145 de l’amiante, publiée par l’INRS en 2025 :

  • La winchite
  • La Fluo-edenite
  • La richterite
  • L’erionite

Une autre fibre, l’antigorite fait également l’objet d’études, car des maladies similaires à celles causées par l’amiante, comme le cancer broncho-pulmonaire, sont fréquentes dans les régions où elle est abondante, notamment en Italie du Sud et en Nouvelle-Calédonie. L’ensemble de ces données, le suivi épidémiologique et les évolutions règlementaires sur l’amiante environnemental ou naturellement présent pourra, comme le préconise l’avis du HCSP, avoir un impact fort en matière de santé publique. En effet, la prise en compte au niveau réglementaire des PMAi, en lien avec les autres mesures préconisées comme le comptage des fibres courtes d’amiante et l’abaissement du seuil de déclenchement des travaux à 2 fibres par litre pourrait permettre à terme de diminuer les pathologies issues de la présence de fibres d’amiante dans l’environnement.

Repérage de l’amiante avant travaux dans les roches et les sols

Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a mené plusieurs études pour caractériser et cartographier la présence d’amiante environnementale en France. Cette cartographie est essentielle pour donner le plus d’information possible aux donneurs d’ordres et aux entreprises de travaux. Les principales zones amiantifères se trouvent dans les Alpes occidentales, le Massif armoricain, les Pyrénées, le Massif central et la Haute-Corse. Ces cartes, disponibles sur le site InfoTerre, permettent de visualiser les niveaux d’aléa amiante et d’orienter les mesures de prévention.

Si le repérage de l’amiante dans les immeubles bâtis est bien encadré depuis plusieurs années, une nouvelle étape cruciale est franchie avec l’extension de cette obligation aux matrices environnementales telles que les sols et les roches, L’arrêté du 4 juin 2024, entré en vigueur partiellement dès sa publication et pleinement à partir du 1er juillet 2026, impose désormais un repérage de l’amiante avant toute opération dans les ouvrages non bâtis. Pour la partie les roches et les sols, la réglementation devrait se renforcer et rendre la norme NF P94-001 d’application réglementaire. Cette réglementation vise à protéger les travailleurs, mais aussi à prévenir la dispersion des fibres d’amiante.

Ce repérage de l’amiante avant travaux, est particulièrement délicat et nécessite des compétences pointues en géologie pour plusieurs raisons :

  • L’hétérogénéité forte des veines d’amiante dans les roches en place
  • Les contraintes mécaniques (forage, terrassement, etc.) qui peuvent transformer des cristaux non dangereux en fragments allongés inhalables, assimilables à des fibres d’amiante selon les critères de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)

Les laboratoires d’analyses de ces matrices doivent également être compétents et être accrédités pour ces matrices particulières selon la norme ISO 17025, avec des collaborateurs disposant de formations en minéralogie, pétrographie ou physico-chimie des matériaux. Lors de ces analyses, des notes sur les rapports mentionnent la présence de fibres interférentes. Ces éléments seront utiles pour les rapports de repérage des GOR (Géologues Opérateurs de Repérage).

Les roches et sols sont concernés par la norme NF P94-001, qui est encore en attente de son décret d’application. Sa lecture permet cependant d’avoir déjà une potentielle compréhension de la future réglementation :

  • Le repérage est basé sur la recherche d’objets géologiquement susceptibles de contenir de l’amiante environnemental, c’est-à-dire dans les sols et roches en place n’ayant subis aucune action anthropique
  • Les missions du repérage incluent
    • Mission A0 : l’analyse bibliographique du terrain par un GOR selon les cartes géologiques disponibles par exemple
    • Mission A1 : en cas de présence potentielle d’amiante, différentes analyses sont menées : étude géologique, analyses minéralogiques
    • Mission A2 : les analyses en laboratoires accrédités pour la recherche d’amiante naturellement présent dans les roches
  • Les laboratoires accrédités capables de réaliser l’analyse sont ceux disposant d’une portée d’accréditation de type Cas 2 selon l’arrêté du 1er octobre 2019.

Trémolite & Antigorite

L’amiante et la pollution des sols

La présence d’amiante dans les sols concerne également la pollution liée aux matériaux issus de la déconstruction de bâtiments amiantés, qu’ils soient restés en place ou remaniés.Ces pollutions peuvent se situer sur des strates plus ou moins profondes par une double action :

  • Remaniement de déchets amiantés (cas des remblais insuffisamment couverts par la réglementation)
  • Dégradation des matériaux et produits amiantés en surface par l’action du temps et des éléments extérieurs et percolation des fibres délitées dans les strates superficielles du sol

Ces cas de figure ne sont pas couverts par la réglementation française mais sont des réalités fortes pour les donneurs d’ordre. Pour lever le doute sur la présence d’amiante dans les sols, il est nécessaire de faire appel à des opérateurs de repérage formés et à des laboratoires accrédités qui proposent des analyses spécifiques sur ce type de matrice. L’application de la ZAN (Zéro Artificialisation Nette) augmente le nombre de constructions sur des friches industrielles, ou des zones issues de déconstructions et rend plus fréquent ces problématiques. L’enjeu est de gérer les déchets de manière pertinente pour protéger les travailleurs, le public.

Conclusion

Face à l’extension du repérage de l’amiante aux matrices environnementales, les opérateurs de terrain doivent relever un défi de taille : identifier des fibres parfois invisibles à l’œil nu, dans des contextes géologiques complexes. Dans cette mission, les laboratoires d’analyse jouent un rôle central. Grâce à des équipements de pointe comme le microscope électronique en transmission analytique (META) et à l’expertise de leurs analystes, ils permettent une caractérisation fine et fiable des fibres minérales. Leur travail ne se limite pas à l’analyse : il éclaire les décisions de prévention, sécurise les interventions sur le terrain et contribue à la protection de la santé publique. Dans un contexte réglementaire en pleine évolution, leur contribution est plus que jamais essentielle. Eurofins Analyses pour le Bâtiment a la capacité de réaliser ces analyses. Ces laboratoires mettent au cœur de leur process analytique l’environnement, et l’humain.

Notes :

  1. relatif aux modalités de réalisation des analyses de matériaux et produits susceptibles de contenir de l’amiante, aux conditions de compétences du personnel et d’accréditation des organismes procédant à ces analyses
  2. https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2014sa0196Ra.pdf et https://www.anses.fr/en/system/files/AIR2016SA0034Ra.pdf
  3. https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/AvisRapportsDomaine?clefr=1416

28 août 2025

Cet article a été publié sur le site DEMOLDIAG https://prevention-amiante.fr/amiante-ne-se-limite-pas-aux-materiaux-de-construction/